Docteur

Clinique de l’Europe

4 rue Octave Crutel

76100 Rouen

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Virginie Berard
chirurgie esthétique reconstructrice et réparatrice à Rouen

L'arthrose digitale

Définition, objectifs et principes

L'arthrose digitale correspond à une usure du cartilage articulaire des doigts, ce qui engendre une réaction inflammatoire articulaire périphérique, responsable du gonflement de l'articulation.

On constate alors un gonflement d'origine synovial (avec épanchement liquidien et synovite inflammatoire douloureuse) et des formations osseuses au pourtour de l'articulation (fabrication de ces "becs de perroquet" visibles sur les radios).

C'est un problème fréquent qui atteint particulièrement les femmes de la cinquantaine, et qui est souvent pluri-digital, et bilatéral.

Parfois l'arthrose est la conséquence d'une fracture, d'un rhumatisme ou d'une infection. Mais le plus souvent la cause exacte de l'arthrose n'est pas connue. On retrouve souvent un facteur familial.

 

Les symptômes de l'arthrose digitale se caractérisent par des douleurs associées à un gonflement des articulations et une raideur.

Le symptôme habituel est la douleur, surtout lorsqu'elle survient lors d'activités quotidiennes comme pincer ou tourner une clé, saisir ou manipuler de petits objets.

Peu à peu, l'articulation se détériore puis se déforme : apparaissent alors des tuméfactions caractéristiques à la face dorsale, parfois une déviation latérale de l'extrémité digitale.

 

Localement, l'arthrose entraîne :

- des douleurs articulaires

- un gonflement synovial articulaire, des kystes synoviaux, des ostéophytes (bosses osseuses)

- une raideur articulaire

 

Pour confirmer le diagnostic, une analyse radiologique est effectuée permettant de classer l'atteinte en plusieurs stades selon le degré d'usure du cartilage et la réaction osseuse périphérique ainsi que le degré de déformation ou de déviation des pièces osseuses.

 

Si on laisse évoluer l'arthrose, l'articulation peut se déformer ou se bloquer, parfois en devenant indolore.

Avant l'intervention

Au stade débutant, le traitement médical comprend le repos, en évitant les gestes douloureux. Les anti-inflammatoires, une éventuelle attelle digitale. Certains rhumatologues peuvent tenter des infiltrations (avec prudence) (corticoides, gel d'acide hyaluronique).

 

Si ce traitement bien conduit pendant 6 mois à 1 an reste insuffisant, une intervention peut être envisagée.

Les interventions

Plusieurs interventions peuvent être proposées quand une articulation est attaquée par l'arthrose, mais toutes ne sont pas adaptées à toutes les articulations.

Au niveau des doigts, on peut proposer

- l'arthrodèse ou blocage osseux de l'articulation (on enlève le cartilage restant, on fusionne les deux phalanges osseuses avec des broches pendant deux mois)

- le "toilettage articulaire" ou synovectomie avec résection des ostéophytes (on enlève les "becs de perroquets", on enlève une grande partie de la synoviale inflammatoire, mais on laisse en place le cartilage usé et une partie de la synoviale malade, inaccessible par endroits)

- la prothèse totale articulaire ou arthroplastie totale (remplacement de l'articulation par un implant synthétique) ne concerne pas les doigts dans leur portion la plus distale.

1) L'arthrodèse ou blocage osseux de l'articulation

Il s'agit d'une intervention "radicale", car elle sacrifie définitivement la mobilité des deux phalanges solidarisées, mais elle est très sûre quant à son résultat, concernant à la fois la douleur et l'aspect du doigt. C'est-à-dire que l'on obtient généralement sans problème un très bon résultat sur la douleur, et également un bon résultat sur l'aspect "esthétique" de l'articulation qui n'est plus gonflée et que l'on peut réaxer correctement, tout cela au prix d'une perte de la mobilité de cette articulation.

Bien sûr, il ne faut pas négliger les risques d'une arthrodèse, à savoir, risques de retard ou absence de consolidation osseuse, déplacement, fracture, intolérance du matériel d'ostéosynthèse, risques d'algodystrophie (douleurs, oedème, raideur, manque de force, difficultés de rééducation), et risques propres de la chirurgie (hématome, infection, difficultés de cicatrisation, etc...)

2) le "toilettage articulaire" ou synovectomie avec résection des ostéophytes

Sur le plan technique, cette intervention cherche à réduire le volume des formations osseuses "parasites" péri-articulaires sans détruire la fragile mécanique qui permet à cette articulation de fonctionner et lors de ce "nettoyage articulaire" on est obligé de respecter les ligaments, insertions des tendons et certaines zones capsulaires essentielles à ce fonctionnement. Autant dire que malheureusement ce nettoyage ne sera pas "complet" mais seulement le plus minutieux "possible", ce qui explique deux choses :

- d'une part, on ne peut pas toujours réduire autant qu'on le voudrait la largeur de l'articulation (c'est-à-dire réséquer les ostéophytes à ce niveau) car il y a l'insertion des ligaments latéraux essentiels à la stabilité latérale, qu'il faut respecter

- d'autre part, toute cette action chirurgicale correspond à un traumatisme tissulaire responsable d'un gonflement cicatriciel de quelques millimètres d'épaisseur qui va remplacer pendant plusieurs mois l'épaisseur des ostéophytes et de la synoviale réséqués, ce qui explique que l'on met plusieurs mois à "voir" le résultat de l'intervention (quatre à six mois en moyenne)...

 

Bien sûr, parfois la nature humaine ne répond pas aussi bien qu'on le voudrait à nos actes thérapeutiques et le gonflement persiste à long terme, plusieurs explications peuvent être données :

- soit une réaction cicatricielle épaisse (et au niveau d'un doigt, une cicatrice "épaisse" d'un ou deux mm se ressentira plus en circonférence, qu'au niveau d'un genou...)

- soit une récidive de la synovite (réaction inflammatoire de la synoviale, tissu articulaire)

- soit une poussée arthrosique indépendante de l'intervention

 

Le principe de cette intervention de toilettage, et je reprends les termes de la définition au début de cette note, qui est une "synovectomie avec résection des ostéophytes" (on enlève les "becs de perroquets", on enlève une grande partie de la synoviale inflammatoire, mais on laisse en place le cartilage usé et une partie de la synoviale malade, inaccessible par endroits) est donc une intervention "palliative" et non curative.

Elle a l'avantage de laisser la mobilité de l'articulation (contrairement à l'arthrodèse - première possibilité envisagée), elle a l'inconvénient du risque de récidive, et d'une certaine insécurité de résultat (rare), qu'il faut accepter....

 

Au-delà des risques de récidive ou de résultat partiel (rares, je le répète), il ne faut pas négliger les risques de toute intervention chirurgicale au niveau de la main, à savoir, risques d'algodystrophie (douleurs, oedème, raideur, manque de force, difficultés de rééducation), et risques propres de la chirurgie (hématome, infection, difficultés de cicatrisation, etc...)

3) la prothèse totale articulaire ou arthroplastie totale

Dans certaines localisations anatomiques, il est possible d'envisager le remplacement de l'articulation usée par une "prothèse", ou "implant" qui jouera le rôle soit de simple "spacer" (ou "espaceur" généralement en silicone), soit sera une véritable prothèse de forme anatomique remplaçant la mécanique précise du mouvement articulaire. (On copie de plus en plus les prothèses de genou ou de hanche).

Ces prothèses sont généralement très efficaces sur la douleur, et permettent de restaurer une bonne mobilité articulaire, elles sont également souvent efficaces sur la diminution du gonflement.

Elle ne sont pas disponibles pour toutes les articulations, en particulier, elle n'existent pas pour les articulations toutes distales des doigts.

Comme tout implant, elles ne sont pas définitives et doivent être changées au bout de dix à quinze ans, ou quand il y a des signes d'usure.

Bien sûr, il ne faut pas négliger les risques d'une prothèse, à savoir, usure, déplacement, fracture, intolérance de l'implant, résultat insuffisant, risques d'algodystrophie (douleurs, oedème, raideur, manque de force, difficultés de rééducation), et risques propres de la chirurgie (hématome, infection, difficultés de cicatrisation, etc...)

 

Avant ces interventions, un bilan préopératoire habituel est réalisé conformément aux prescriptions.

Le médecin anesthésiste sera vu en consultation au plus tard 48 heures avant l'intervention.

Aucun médicament contenant de l'aspirine ne devra être pris dans les 10 jours précédant l'intervention.

L'arrêt du tabac est vivement recommandé avant l'intervention (le tabac diminue l'oxygénation et donc la cicatrisation).

Il est fondamental de rester à jeun (ne rien manger ni boire) 6 heures avant l'intervention.

Type d'anesthésie et modalités d'hospitalisation

Type d'anesthésie : Habituellement, l'intervention se fait sous anesthésie locorégionale. Un tranquillisant est parfois associé à l'anesthésie.

Modalités d'hospitalisation :

En général, l'intervention se fait en « ambulatoire », c'est-à-dire avec une sortie le jour même après quelques heures de surveillance, en ce qui concerne l'arthrodèse et le toilettage articulaire.

Le patient peut alors regagner son domicile dès que son état général le permet.

Néanmoins, pour des raisons sociales ou familiales ou personnelles, une hospitalisation peut aussi être envisagée.

L'intervention se fait en « hospitalisation classique de 48 heures », c'est-à-dire avec une entrée la veille de l'intervention, et une sortie le lendemain, en ce qui concerne les prothèses articulaires.

Après l'intervention : les suites opératoires

1) L'arthrodèse ou blocage osseux de l'articulation

La cicatrisation s'obtient en quinze jours et des pansements sont nécessaires durant cette période. Les fils ne sont pas résorbables, et doivent être enlevés par l'infirmière au bout de quinze jours (une ordonnance vous sera faite).

Une petite attelle de protection est nécessaire pendant toute la durée d'immobilisation par les broches. Les broches sont enlevées sous anesthésie locale, sans hospitalisation au bout de huit semaines après radio de contrôle. Les complications sont rares et sont surtout liées à la présence des broches (notamment, intolérance, déplacement, infection, fracture d'une broche...). Elles doivent être traitées rapidement pour ne pas laisser de séquelles.

2) le "toilettage articulaire" ou synovectomie avec résection des ostéophytes

La cicatrisation s'obtient en quinze jours et des pansements sont nécessaires durant cette période. Les fils ne sont pas résorbables, et doivent être enlevés par l'infirmière au bout de quinze jours (une ordonnance vous sera faite).

Une petite attelle de protection est nécessaire pendant trois semaines, puis une période d'autorééducation pendant environ un à deux mois pour récupérer une bonne flexion du doigt.

Le dégonflement de l'articulation demande trois à six mois.

3) la prothèse totale articulaire ou arthroplastie totale

La cicatrisation s'obtient en quinze jours et des pansements sont nécessaires durant cette période. Les fils ne sont pas résorbables, et doivent être enlevés par l'infirmière au bout de quinze jours (une ordonnance vous sera faite).

Une attelle en résine est confectionnée à la fin de l'intervention qui est remplacée au bout de cinq jours par une "orthèse " élastique permettant de bouger le doigt sous protection, avec une lame métallique souple, protégeant la prothèse, pendant la rééducation, pendant six semaines.

Il est parfois nécessaire de faire de la rééducation ensuite pendant encore quelques semaines avec un kinésithérapeute, mais pas toujours.

Le dégonflement de l'articulation demande trois à six mois.

Une surveillance radiologique est faite au début tous les mois, puis ensuite régulièrement au bout d'un an, puis tous les cinq ans.

Les complications envisageables

Les complications sont rares et sont de deux types :

 

Les complications habituelles à tout acte chirurgical :

• La survenue d'une infection (douleur, rougeur, gonflement, écoulement purulent, fièvre) nécessite un traitement antibiotique et parfois un nettoyage chirurgical.

• Un hématome (gonflement et ecchymose) peut nécessiter un geste d'évacuation ou de ponction.

• Exceptionnellement l'évolution des cicatrices, peut être défavorable avec la survenue de cicatrices hypertrophiques voire chéloïdes, (cicatrices rouges et épaisses) pouvant nécessiter des traitements locaux .

 

Les complications particulières à une intervention sur la main sont, notamment :

• Réaction inflammatoire avec douleur, gonflement, hypersudation, raideur articulaire pouvant parfois évoluer en « algodystrophie ». Cette dernière complication nécessite une consultation rapide auprès du chirurgien pour sa prise en charge, car pouvant être source de séquelles définitives.

Irritation des nerfs cutanés avec perte de sensibilité ou douleurs locales sur la cicatrice, généralement temporaires.

Les risques particuliers à la mise en place d'une prothèse articulaire : intolérance, déplacement, usure de l'implant, pouvant nécessiter le remplacement ou l'ablation de l'implant au bout de dix à quinze ans (rarement plus tôt)... Votre chirurgien est le plus qualifié pour répondre à toutes vos questions. N'hésitez pas à lui en parler.

 

Les risques dépendent du stade d'évolution de la maladie, des techniques utilisées, de l'expérience du chirurgien...

Ces problèmes sont exceptionnels et ne laissent généralement pas de séquelles s'ils sont traités à temps. Il faut cependant réaliser qu'il y a toujours un risque de séquelle définitive après toute intervention chirurgicale.

 

Au total, il ne faut pas surévaluer les risques, mais simplement prendre conscience qu'une intervention chirurgicale, même apparemment simple, comporte toujours une petite part d'aléas.

Le recours à un Chirurgien Plasticien qualifié vous assure que celui-ci a la formation et la compétence requise pour savoir éviter ces complications, ou les traiter efficacement le cas échéant.

 

Tels sont les éléments d'information que nous souhaitions vous apporter en complément à la consultation. Nous vous conseillons de conserver ce document, de le relire après la consultation et d'y réfléchir « à tête reposée ».

Cette réflexion suscitera peut-être de nouvelles questions, pour lesquelles vous attendrez des informations complémentaires. Nous sommes à votre disposition pour en reparler au cours d'une prochaine consultation, ou bien par téléphone, voire le jour même de l'hospitalisation où nous nous reverrons, de toute manière, avant l'intervention.

Remarques personnelles

Quelques conseils utiles :

Pendant les dix premiers jours post-opératoires pour empêcher le gonflement des doigts :

Gardez votre main dans une écharpe lorsque vous ne faites rien (main au niveau du coeur).

Dormez la nuit avec la main surélevée, posée sur un oreiller, ou un coussin

Bougez vos doigts le plus normalement possible

Faites régulièrement toutes les heures dix mouvements de flexion-extension des doigts, la main et l'avant-bras surélevés.

Il est normal d'avoir un peu mal les premiers jours après l'intervention, prenez l'antalgique prescript (éventuellement le DOLIPRANE (paracétamol) s'achète sans ordonnance, mais PAS d'aspirine).

La douleur de l'intervention disparaît en quelques jours. Reprenez contact avec nous si elle persiste. ET SURTOUT, les pansements NE DOIVENT PAS ETRE TROP SERRÉS. N'hésitez pas à revenir si vous avez mal.

 

Une récupération complète peut demander 3 à 6 mois, voire plus selon le type d'intervention.

Il faut cependant souvent un an pour "oublier" une intervention.

 

En cas d'arthroplastie totale avec une prothèse, une surveillance radiologique est nécessaire au minimum tous les cinq ans.